Review in French:
Le metal progressif n'est pas ma tasse de thé, mais quand un groupe lituanien en pratique, je tends l'oreille. Et je réalise que ce genre est tout à fait écoutable, en tous cas en ce qui concerne Stranger Aeons. Surtout que le groupe de Siauliai a décidé de garder un côté bien rentre-dedans à sa musique. On reste donc dans un genre plus proche d'un heavy/doom planant que d'expérimentations à coucher dehors.
L'intro, assez ambiante, plante un décor apocalyptique qui rappelle la pochette, et prépare le terrain pour les morceaux réellement metal. Bon, ça reste un peu complexe, souvent aérien, mais avec un son de gratte bien lourd et un chant féminin plutôt rock, aux accents old-school. Par moment, Edita m'évoque quasiment Ozzy Osbourne, c'est dire ! Et c'est vrai que la patte des anciens maîtres des Ténèbres hante un peu cet album. Pas seulement Black Sab', mais d'une manière générale, l'album garde une touche doom, rock, psyché, prog', qui sent bon les vinyles à papa. Enfin, c'est assez léger, parce que pour l'essentiel du disque, on se situe bien en 2010.
Un son très clair, très puissant, des guitares soli tour à tour planantes, aériennes, abrasives, qui se rapprochent un peu de Throes of Dawn, en parfois plus épiques (la fin du cinquième titre semble être un clin d'oeil à un vieux Cradle of Filth, époque Dusk and Her Embrace). Les rythmiques blindées (début de "The Master", "Welcome to your Humber Nightmare") permettent de nous accrocher. Le côté musclé de cet album est clairement un plus pour Stranger Aeons: le meilleur exemple étant "Neverending Lie" et son intro façon live, suivie de gros riffs bien puissants (qui rappellent un peu l'hymne "Antechrist Superstar" de Marilyn Manson), qui vire sur un pur titr de heavy prog bien puissant, avec une coupure à la guitare sèche, limite flamenco...
Bref, les Lituaniens digèrent énormément d'influences. Une base heavy/rock progressive, un chant féminin, une touche aérienne... Je vous cite Black Sabbath, Cradle of Filth, Manson... vous devez vous demander à quoi ça ressemble, concrètement. Tout d'abord, je précise que ces derniers noms ne sont, de loin, pas les références principales pour Stranger Aeons. Si quelques secondes ressemblent, il s'agit plutôt de clin d'oeil ou simplement d'un pur hasard. Non, le monde des musiciens, c'est plutôt Dream Theater, The Gathering, éventuellement Paradise Lost. Mais tout cela joué, vous l'avez compris, selon les propres méthodes du groupe. Le tout crée une musique intéressante, assez difficile d'accès, où les riffs durs côtoient un chant assez planant et des soli volontiers aériens, des refrains accrocheurs. L'ambiance est assez chaleureuse, plutôt onirique. Le line-up mentionne l'utilisation d'un didgeridoo, que l'on entend par exemple dans l'intro; mais à mon avis, le son de cet instrument est trop étouffé par rapport aux grattes. Heureusement, on se rattrape sur "Why Raise Them?" où l'on en a pour notre argent, grâce à l'intro très folk-ethnique où didgeridoo et percussions (aborigènes ?) se font rattraper par une guitare heavy et un rythme mid-tempo, bientôt suivi par un synthé qui sonne presque comme un hammond.
Voilà donc ce qu'il est possible de dire sur la nouvelle production de Ledo Takas. L'étrange eNneagon présente un visage nouveau de la scène lituanienne, plus connue pour son black/thrash dévastateur et épique. Si rien de "typiquement balte" se fait entendre ici, Stranger Aeons sera plutôt apprécié par les fans de doom, de prog', mais aussi tout simplement de metal complexe, relativement avant-gardiste. Ecoutez un minimum de leur musique, et si besoin, dépêchez-vous d'acquérir cet album professionnel, au son très bon et à l'artwork très réussi. Une nouvelle bonne production lituanienne, qui montre que cette scène a beau être méconnue, plutôt disparate, mais sait aligner des groupes à forte personnalité, qui méritent plus d'attention de la part des autres pays européens.
Original review: CryptalMadness
Le metal progressif n'est pas ma tasse de thé, mais quand un groupe lituanien en pratique, je tends l'oreille. Et je réalise que ce genre est tout à fait écoutable, en tous cas en ce qui concerne Stranger Aeons. Surtout que le groupe de Siauliai a décidé de garder un côté bien rentre-dedans à sa musique. On reste donc dans un genre plus proche d'un heavy/doom planant que d'expérimentations à coucher dehors.
L'intro, assez ambiante, plante un décor apocalyptique qui rappelle la pochette, et prépare le terrain pour les morceaux réellement metal. Bon, ça reste un peu complexe, souvent aérien, mais avec un son de gratte bien lourd et un chant féminin plutôt rock, aux accents old-school. Par moment, Edita m'évoque quasiment Ozzy Osbourne, c'est dire ! Et c'est vrai que la patte des anciens maîtres des Ténèbres hante un peu cet album. Pas seulement Black Sab', mais d'une manière générale, l'album garde une touche doom, rock, psyché, prog', qui sent bon les vinyles à papa. Enfin, c'est assez léger, parce que pour l'essentiel du disque, on se situe bien en 2010.
Un son très clair, très puissant, des guitares soli tour à tour planantes, aériennes, abrasives, qui se rapprochent un peu de Throes of Dawn, en parfois plus épiques (la fin du cinquième titre semble être un clin d'oeil à un vieux Cradle of Filth, époque Dusk and Her Embrace). Les rythmiques blindées (début de "The Master", "Welcome to your Humber Nightmare") permettent de nous accrocher. Le côté musclé de cet album est clairement un plus pour Stranger Aeons: le meilleur exemple étant "Neverending Lie" et son intro façon live, suivie de gros riffs bien puissants (qui rappellent un peu l'hymne "Antechrist Superstar" de Marilyn Manson), qui vire sur un pur titr de heavy prog bien puissant, avec une coupure à la guitare sèche, limite flamenco...
Bref, les Lituaniens digèrent énormément d'influences. Une base heavy/rock progressive, un chant féminin, une touche aérienne... Je vous cite Black Sabbath, Cradle of Filth, Manson... vous devez vous demander à quoi ça ressemble, concrètement. Tout d'abord, je précise que ces derniers noms ne sont, de loin, pas les références principales pour Stranger Aeons. Si quelques secondes ressemblent, il s'agit plutôt de clin d'oeil ou simplement d'un pur hasard. Non, le monde des musiciens, c'est plutôt Dream Theater, The Gathering, éventuellement Paradise Lost. Mais tout cela joué, vous l'avez compris, selon les propres méthodes du groupe. Le tout crée une musique intéressante, assez difficile d'accès, où les riffs durs côtoient un chant assez planant et des soli volontiers aériens, des refrains accrocheurs. L'ambiance est assez chaleureuse, plutôt onirique. Le line-up mentionne l'utilisation d'un didgeridoo, que l'on entend par exemple dans l'intro; mais à mon avis, le son de cet instrument est trop étouffé par rapport aux grattes. Heureusement, on se rattrape sur "Why Raise Them?" où l'on en a pour notre argent, grâce à l'intro très folk-ethnique où didgeridoo et percussions (aborigènes ?) se font rattraper par une guitare heavy et un rythme mid-tempo, bientôt suivi par un synthé qui sonne presque comme un hammond.
Voilà donc ce qu'il est possible de dire sur la nouvelle production de Ledo Takas. L'étrange eNneagon présente un visage nouveau de la scène lituanienne, plus connue pour son black/thrash dévastateur et épique. Si rien de "typiquement balte" se fait entendre ici, Stranger Aeons sera plutôt apprécié par les fans de doom, de prog', mais aussi tout simplement de metal complexe, relativement avant-gardiste. Ecoutez un minimum de leur musique, et si besoin, dépêchez-vous d'acquérir cet album professionnel, au son très bon et à l'artwork très réussi. Une nouvelle bonne production lituanienne, qui montre que cette scène a beau être méconnue, plutôt disparate, mais sait aligner des groupes à forte personnalité, qui méritent plus d'attention de la part des autres pays européens.
Original review: CryptalMadness